Nous
prenons le petit déjeuner à l’intérieur dans une pièce avec une grande
cheminée, le feu sera d’ailleurs allumé peu après.  Ce matin, visite prévue de pueblos tzotziles
(villages des Chiapas) : San Juan Chamula  et Zinacantan, à une vingtaine de kilomètres. Nous
arrivons à San Juan Chamula en pleine fête. Non seulement c’est dimanche mais c’est
également la fin d’année Maya. Petit rappel : 18 mois de 20 jours et un mois
de 5 jours pour faire les 365 jours annuels. Les Chamulas, sont habillés en
costume traditionnel fait d’une tunique de laine blanche ou noire (tenue d’hiver)
et sont coiffés de chapeau de paille. Les femmes portent une jupe en laine
noire avec un blouse blanche ou colorée, la taille est bien soulignée par une
large ceinture, souvent un châle plié en rectangle sur les cheveux. D’autres,
ont revêtu des tuniques brodées, les motifs sont identiques pour tout la
famille. Nous demandons l’autorisation de prendre des photos, refusée à chaque
fois. Nous prendrons quelques clichés à la sauvette et rarement avec les
personnes de face. Des troupes de musiciens/danseurs en habits très colorés
sont descendus des villages avoisinants font le spectacle devant la foule très
nombreuse massée autour du Zocalo (sans arbre). Petit clin d’œil au Carnaval de
Dunkerque, ils font également « chapelle » devant tous les cafés mais
ici reçoivent du coca et non de la bière. Sur la place se tient également un
grand marché très coloré où se pressent vendeurs de fruits et légumes mais
aussi de vêtements et tissage. Sur cette place se trouve l’église, la grande
curiosité de la petite ville. Tout d’abord, nous achetons l’autorisation de
visite et nous recevons la directive orale et écrite en français :
photographie interdite dans l’église. L’intérieur est surprenant, de l’herbe jonche
le sol, pas de banc ni de chaises, des dizaines de bougies fixées sur le
dallage, des tzotziles priant à genoux ou assis. Plus des incantations
indiennes que des prières, certains pleurent. Les cloches descendues du clocher
sont posées à même le sol. Alignés au mur dans des vitrines, les statues des
saints habillés de tenues locales ou de riches vêtements. Ici, les saints sont
à gauche et les saintes à droite y compris la vierge. Le Christ a été relégué à
la gauche de San Juan qui porte dans ses bras un mouton, l’animal sacré des
tzotziles. Au fond, les fonts baptismaux qui ne servent qu’une fois l’an, la
seule fois où l’évêque a le droit de pénétrer dans l’église pour donner le seul
sacrement reconnu par les tzotziles. Ambiance irréelle accentuée par la dense fumée
des bougies. Nous ne manquons de boire un café, délicieux dans cette région
grande productrice. Avant de regagner la voiture, nous longeons un cimetière
près d’une vieille église en ruine. Les familles pique-nique au milieu des
tombes et parle avec leurs morts. Une autre relation à la mort qua dans nos
pays. Nous abandons la visite du second village qui risque d’être désert, les habitants
faisant sans doute la fête ici.-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------


Les tzotziles pratiquent
leur propre religion en se servant des instruments du culte catholique importés
par les jésuites espagnols. Le chamanisme est très présent, ce sont les esprits
que l’on consulte en premier en cas de maladie ou de problème. Ce culte associe
les saints, les statues et les symboles catholiques au culte des esprits et
mythes mayas. La croix, par exemple, très présente dans leur vie est associée à
l’arbre de vie maya. Le désenvoûtement est courant, on emploie un coq pour un
homme et une poule pour une femme. Lors des cérémonies ou fêtes, les mayas
buvaient du posh un tord-boyau à base de canne à sucre. Il est remplacé peu à
peu par le Pepsi ou le Coca, deux avantages : il fait roter donc extirpe
le mal plus rapidement et les bouteilles coûtent moins chères que l’eau
minérale. Il est courant de voir des bébés en boire dès qu’ils savent tenir la
bouteille.